À L'HEURE OÙ JE T'ÉCRIS
À L'HEURE OÙ JE T'ÉCRIS
Je suis né ce matin, dans le froid de la nuit,
À l'heure où les couleurs sont encore endormies.
J'ai mordu dans le sein, pour apaiser mes cris,
D'une femme arrivée au milieu de sa vie.
Puis j'ai vu le soleil tracer sans faire de bruit
Une ligne parfaite à l'aube, et j'ai compris
Qu'à l'heure où la nuit doute, il faut que je m'enfuie
Sur les chemins plus clairs qui m'emmènent à midi.
À l'heure où le soleil me réchauffe, j'écoute,
Et j'entends ton appel, puis je quitte le nid.
Alors vole mon cœur sur tes ailes, et je goûte
Comme un homme à tes seins en étouffant un cri.
… Puis le ciel a rougi, embrasant notre amour.
À l'heure où nos enfants peuvent aimer aussi,
C'est le déclin du jour que je redoute et puis,
Comme une feuille au vent, fermant les yeux, je prie.
À l'heure où vient décembre et je revois ma vie
S'enfuir coûte que coûte, lorsque tombe la nuit.
Alors mon corps est sombre, et clair mon esprit,
Je vais partir ce soir, au milieu de la nuit,
C'est noté quelque part, à l'heure où je t'écris ...
VISAGE
VISAGE
Mon amour je t'écris ces quelques rimes offertes,
À jamais par mon cœur qui dessine des lettres,
À côté d'autres lettres, pour faire jaillir soudain,
À la fin d'un couplet, ton visage en refrain,
Pour voir tes yeux passer, par le même chemin,
Que j'ai pris pour tracer ton image et frôler
Ta peau dans une phrase, sans virgule et sans point ...
J'écris pour que tes lèvres, en lisant ta beauté,
S'échauffent et se délectent sans cesser de bouger,
Pour que ma main caresse tes cheveux par des mots,
En trois lignes je tresse dans ta nuque un ruisseau
Et dedans se reflète le ciel et que c'est beau ...
J'écris de gauche à droite une mèche légère,
Pour que tu la replaces d'une exquise manière.
J'écris pour que ton front brille sans le savoir,
En mettant au pluriel mon envie de te voir,
Pour qu' une feuille souffre comme je souffre et pire,
Sous la pointe qui blesse à chaque nouveau trait
Quand tu me laisses seul, mais sans qu'elle se déchire,
J'écris enfin tes joues de roses empourprées
Un bruit strident me dit que ma plume a séché,
Comme un pierrot la lune a vu tant d'encriers,
A esquisser des mots qui dessinent au matin,
Un poème d'amour sans début et sans fin,
Pour faire que ton visage soit un alexandrin ...
P.Liandier
DANS UN TORRENT DE VIE
DANS UN TORRENT DE VIE
J'aimerais partir tôt, à la pointe du jour,
Quand tu sommeilles encore dans un léger sourire,
M'habillant sans un bruit, à pattes de velours,
C'est à ce moment-là que je voudrais mourir.
Je quitterais la terre, au meilleur de l'amour,
Quand ton odeur sur moi me fait me souvenir,
Que mes mains sentent encore tes formes et les savourent,
Je m'en irais très tôt, pour vite revenir ...
Tu serais avec moi, sans sortir de ton lit,
Sans cesser de dormir, bouleversant ma mémoire,
C'est toi que j'entendrais, peu importe le bruit,
Et l'éclat de tes yeux serait dans mon regard.
Alors, voyant l'amour déborder sur la mort,
Dans un torrent de vie où l'on se fait la cour,
Dieu ressusciterait mon âme dans mon corps,
Et puis je reviendrais près de toi pour toujours.
MON COEUR A LA ROSE
MON CŒUR À LA ROSE
C'est bien en voyant cette fleur,
si fragile et si dérisoire,
Qui m'envoyait mille odeurs
De parfum de rêve et d'espoir,
Que j'ai su enfin pour de bon,
Aussi sûr qu'elle était jolie,
Aussi fort qu'elle sentait bon,
Que c'est Dieu qui m'avait cueilli.
J'étais devenu une fleur,
Moissonnée dans un geste doux,
Arrachée sans une douleur,
Enlevée d'entre les cailloux,
Découvrant qu'il y a un monde,
Aussi vrai que je vous l'écris,
Aussi sûr que la terre est ronde,
Qu'on appelle souvent paradis.
Je n'ai pas eu à réfléchir,
À raisonner comme un savant,
Je me suis contenté d'ouvrir,
Mon cœur à la rose ... impuissant !!!
P.Liandier
Prédication sur le thème de l'humilité
Lectures : Esaïe 5 : 1 à 5 – Mathieu 21 : 33 à 44
Le Seigneur a décidé de nous visiter dans la vigne ce dimanche. Et pour cela, il nous envoie ses serviteurs et son fils !
C'est le temps de la récolte, le temps des vendanges...
Ces textes tombent à pique et nous avons la chance aujourd'hui que le calendrier liturgique soit en relation avec le calendrier des viticulteurs. En effet les vendanges se terminent à peu prêt partout en ce moment en France. Cette heureuse concordance de calendrier va nous aider à comprendre ces textes, car à l'heure du bilan des questions viennent naturellement :
Qu'à donnée la vigne cette année ? Y a-t-il eu beaucoup de raisin et si oui est-il bon ou mauvais ?
Bien sûr l'image de la vigne est employée pour parler de nos vies et de, nos manières d'agir. Elle s'adresse par Esaïe au peuple d'Israël et par le Christ aux docteurs de la loi Pharisiens, mais au delà de ces époques révolues, cette parole biblique s'adresse à tout homme et toute femme qui prend la peine de la lire ou de l'écouter.
Cette parole nous compare vous et moi à des vignerons auxquels le Seigneur a loué sa vigne et le Seigneur veut savoir s'il a eu raison de nous faire confiance. En d'autres termes, avons-nous fait fructifier les dons que nous avons reçus en arrivant dans le monde.
A l'instar des viticulteurs, faisons le bilan de nos vies de croyants et posons-nous des questions :
Sommes nous meilleurs que l'année dernière à cette époque ? Qu'avons nous fait de bon ou de mauvais ? Que pouvons améliorer ?
Rassurez-vous l'inquisition n'est pas de retour, bien au contraire, car s'il est facile de quantifier une récolte de raisin il est plus difficile de mettre en bouteille ses vices ou ses vertus, ses qualités et ses défauts et il est encore plus difficile de goûter la saveur douce ou aigre du résultat de telle ou telle action.
En réalité il est impossible de s'apprécier ou de se juger sois même ! Lorsqu'on est juge et partie, sur quels critères objectifs ce baser ?
Je suis bien incapable pour ma part de faire mon propre bilan.
Alors comment faire ? Et bien ouvrons encore notre Bible et plus particulièrement l'épître au Romain de St Paul car je pense qu'il nous donne une solide piste pour faire un bilan honnête. Lisons plutôt :
« Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma chair: j'ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. Et si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le fais, c'est le péché qui habite en moi ».
AMEN ! C'est un constat certes bien pessimiste qui peut faire mal à l'ego, mais qui a l'avantage de nous pousser à l'humilité et de nous mettre en garde sur notre auto-critique et nos autosatisfactions.
Non seulement Paul nous demande d'être humble , mais il nous élève a un degré extrême d'humilité car en lisant entre les lignes et en poussant un peu le raisonnement on s'aperçoit vite que nous sommes en réalité incapable de savoir ce qui est bien ou mal, car au moment même où nous jugeons, quelle est la part de nous qui juge, la bonne ou la mauvaise ?
Nous voyons donc que nous sommes dans l'impasse. Et cette impasse, c'est l'impasse des vignerons de la parabole du Christ. L'impasse de ceux qui veulent prendre la place du Seigneur en s'appropriant sa vigne et sa récolte, en éliminant les serviteurs qu'Il envoie et même son fils l'héritier. C'est l'impasse dans laquelle nous nous enfermons quand on se prendre pour Dieux.
Parfois des doutes s'installent quand nous agissons, mais parfois aussi nous avançons confiant avec un sentiment de tout maîtriser, un sentiment d'efficacité, de toute puissance et ma foi, quand un obstacle se présente, on y oppose un peu d'arrogance, un peu de colère et rapidement les obstacles s'écartent, les personnes autour de nous nous laisse passer, d'ailleurs, dans ces moments là on se passe volontiers des personnes autour de nous. Elles sont relégués au rend de public et non de partenaires.
Est-ce là que nous sommes dans le vrai ou est-ce plutôt lorsqu'on fait le constat inverse ? Quand on sent qu'on atteint ses limites et qu'on a besoin des autres, d'un coup de main ?
J'aime dire que la croix du Christ est un symbole d'équilibre. Equilibre que l'on retrouve dans les deux commandement les plus importants : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensé et tu aimeras ton prochain comme toi même »
Il y a la les deux dimensions de la croix : la poutre verticale qui est notre relation directe à Dieu et la poutre horizontale, celle qui ouvre les bras qui est notre relation aux autres.
Peut-on se passer de l'une ou de l'autre ? Peut-on même les séparer ? Je pense que non !
Aimer Dieu sans aimer son prochain n'a pas de sens et aimer son prochain sans aimer Dieu ne dure pas longtemps car rapidement le prochain devient insupportable, voire notre ennemi et à ce moment là nous avons besoin de toute la dimension à Dieu pour tenir.
Quel rapport avec les vignerons me direz-vous ?
Pour vous faire comprendre cela je voudrais vous raconter une petite histoire qui n'est arrivée récemment.
Lorsque j'étais à la réunion, j'ai récupéré une colombe blessée. Elle était posée sur un bout de gazon dans le camp où nous étions cantonnés. Elle était magnifiquement blanche et élégante. J'avais l'impression de voir un oiseau pour la première fois … Je me suis dit tout de suite Dieu me donne une mission, une occasion d'être meilleur. Si je sauve la colombe, je me sauve moi-même ! Il ne manquait plus qu'un rai de lumière sur moi et la scène était parfaite.
J'allais capturer la colombe, la soigner et la remettre en liberté !
Ce fut presque comme ça, sauf que je n'avais pas pris en compte la résistance qu'allait m'opposer la petite colombe.
Tout d'abord ce fut très difficile de l'attraper, même si elle ne volait pas, elle galopait très vite, un peu comme une poule qu'on veut attraper pour la plumer ! Je devais faire preuve de douceur car mon but n'était pas de la faire cuire, mais de la soigner donc de ne pas la blesser d'avantage.
Si je la laissé se débrouiller toute seule à terre, les 3 magnifiques chiens de garde que nous avions en liberté dans le camp auraient vite fait de l'avaler tout rond.
J'ai donc fabriqué un petit abris de fortune en carton tout simple, je l'ai mis hors de porté des trois « rantanplans » et j'ai placé la colombe à l'intérieur, afin qu'elle puisse récupérer quelques jours et voler à nouveau. Elle avait de quoi boire et manger et même sortir en cas de problème.
En la plaçant ainsi je savais, moi qu'elle était déjà sauvée, mais elle était persuadée, elle, qu'elle était déjà condamnée !
Par tous les moyens donc elle s'échappait de l'abri et je la retrouvait régulièrement sur un coin de pelouse à la merci des chiens.
Je ne savais plus quoi faire. Six ou sept jours plus tard, elle ne volait toujours pas et je passais mes jours à lui sauver la vie. Je commençais à ressentir un échec et une sorte d'impuissance.
Je trouvais ma mission très ingrate tout à coup, mais je ne m'obstinais pourtant toujours dans le même projet et dans la même idée que je devais sauver la vie de cette colombe ! C'était mon épreuve, et pas celle d'un autre, cette colombe m'appartenait.
Je vous raccourci la fin de l'histoire, pour vous dire que la solution, la réussite, le salut de cette colombe ne fut finalement pas l'œuvre de moi seul, mais celle d'un autre gendarme, d'un vétérinaire et d'une association.
En effet, un jour, lassé, j'ai parlé de ma colombe à une autre gendarme. Il se trouve qu'il connaissait bien l'île de la Réunion pour y avoir passé quatre ans et il m'a dit : « Tu devrais l'amener chez un vétérinaire car il la donnerait à une association qui s'occupe d'animaux sauvages blessés. »
C'était tellement évident que j'étais dégoûté. Dégoûté que la solution ne vienne pas de moi, mais d'un autre. J'avais même du mal à me réjouir pour la colombe... J'étais tout simplement sous le coup de l'orgueil ! Aveuglé par mon désir de gloire !
Je voulais que le salut vienne de moi et de moi seul ! J'étais dans la dimension verticale avec Dieu. Il y avait Moi d'abord puis Dieu puis la colombe de haut en bas … Je voyais déjà le ciel s'ouvrir et la colombe s'envoler et les anges et tous les Saints chanter mes louanges ….Mais je n'avais plus de dimension horizontale avec mon prochain. Mon regard était étriqué et mes bras refermés.
Finalement la colombe et moi étions deux orgueilleux que Dieu avait fait se rencontrer. Elle, parce qu'elle refusait mon aide et moi parce que je me croyait tout puissant !
Par cette histoire je voulais vous dire qu'à l'heure du bilan, de la récolte, des vendanges dont nous parlions tout à l'heure, j'ai compris l'importance de la relation horizontale, j'ai compris combien il ne fallait pas chercher à bâtir seul en rejetant la pierre dont nous parle Christ. Cette pierre je pense que c'est la pierre du partage. Lorsqu'on bâti seul on le fait en réalité pour sa propre gloire. En revanche lorsqu'on bâti avec les autres en ne rejetant aucune aide, en allant même chercher de l'aide, alors on bâti pour la communauté, pour la gloire de Dieu.
Suivons l'exemple du Christ encore une fois car même s'il avait une relation privilégier avec Dieu (c'est le moins qu'on puisse dire) il n'a rejeté personne sur sa route et il n'a pas eu peur parfois de s'en remettre au jugement des apôtres. Notamment lorsqu'il leur demanda : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Marc 8:29).
AMEN
P.Liandier