Heureux les artisans de paix ...

Heureux les artisans de paix ...

MANQUER DE DIEU

« Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. » Matthieu 4:2

 

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Je me suis souvent demandé pourquoi les religions monothéistes, le bouddhisme et tant d'autres courants spirituels, préconisent le jeûne alimentaire.

 

Alors j'ai testé pour vous ... Et surtout, je l'avoue, pour moi !

 

Quand on pratique un jeûne, même de quelques jours seulement, on ressent toutes sortes d'effets. A commencer, bien sûr, par le plus connu : le manque !

Difficile de se retenir de manger ou de boire les premiers jours. On est obsédé par la faim et la soif, on n’arrive pas à détourner son esprit de ce besoin vital de s'alimenter.

 

Tous ceux qui ont essayé savent que ce manque diminue, puis disparaît au bout de quatre ou cinq jours, pour laisser place à un bien-être nouveau. Une espèce d'état de pureté du corps et, par voie de conséquence, de l'esprit. Nous sommes, à ce stade, satisfait de nous. D'être capable de résister aux pulsions. Un cap est franchi : nous ne serons plus jamais la même personne !

 

En plus d'être satisfait de nous, si le jeûne est lié à notre religion, on est fier d'avoir fait cet effort pour Dieu et on sent, par le bien-être qui s'installe, que Dieu est fier de nous. On a le sentiment de réveiller chez nous « quelque chose » qui est plus grand que nous.

 

Plus les jours se suivent et plus les sensations nouvelles apparaissent. On découvre un calme, une sérénité intérieure jamais rencontrés auparavant. Les yeux s'ouvrent, on voit tout à coup ce qui est pour nous essentiel. On fait du rangement dans sa tête. On met de l'ordre dans sa vie. On est plus sage. La nouvelle place qui se fait dans notre estomac vide, semble faire de nous un espace tout entier prêt à accueillir tout ce qui pourrait se présenter.

 

N'ayons pas peur des mots : on est devenu plus grand, plus vaste, plus disponible !

 

Celui que nous étions, prêt à se mettre en colère à la moindre contrariété, prêt à déborder à la moindre goutte d'eau supplémentaire, est devenu un immense récipient enfin utilisable.

 

Plus ce bien-être s'installe et plus on a envie de jeûner. On est même déçu lorsque cela s'arrête. Bizarre !!!

 

Bref, on sait bien, quand on a essayé, que le jeûne, s'il est fait de manière adaptée, ne comporte que des bénéfices, et de grands bénéfices.

 

Il permet de progresser d'une manière différente de celle de la prière, de la méditation, ou des échanges et des rencontres. Il est complémentaire de tout cela. On comprend alors pourquoi il tient une place importante dans la vie spirituelle.

 

Au-delà de tout cela, il me semble que le jeûne a une autre vertu, un peu plus secrète : il permet de connaître en profondeur tout ce qu'on croyait connaître et dont on se trouve alors privé. Pour faire simple : lequel des deux connaît le mieux le goût de l'eau, celui qui a souffert de la soif ou bien celui qui a toujours eu à boire en abondance ?

 

Je m'explique : on dit communément, par exemple, qu'il est quasiment impossible qu'une personne qui n'a pas eu d'amour dans son enfance soit capable, à son tour, d'en donner.

 

Dans son premier livre Plus fort que la haine, Tim Guenard raconte comment, enfant abandonné par sa mère, battu par son père, puis devenu délinquant, il est finalement parvenu à se libérer de la haine.

 

Il explique dans une interview que les services sociaux auxquels il a eu à faire dans son enfance, l'on toujours considéré comme irrécupérable. S'il avait été victime de violence, il serait violent à son tour, de viol, il serait violeur à son tour, de haine, il serait haineux à son tour, etc …

 

Aucun espoir de s'en sortir, puisque ceux-là mêmes qui doivent vous en donner n'en ont pas … de l'espoir !

 

Pourtant, un jour, une rencontre avec un prêtre a fait toute la différence pour lui, au point de le sauver ...

 

Tim Guenard explique qu'il y a deux manières de connaître l'amour :

  • En avoir reçu.

Ou bien

  • En avoir été privé, au point d'en manquer.

 

En avoir manqué … C'est là que ce fait le lien avec le jeûne !

 

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Tim Guenard a reconnu l'amour, dès la moindre attention de ce prêtre, car l'amour qu'il n'avait jamais reçu, de personne, il en avait besoin comme d'une chose fondamentale et vitale, comme l'eau ou la nourriture !

 

Lui qui n'en avait jamais reçu, qui en était privé depuis toujours, en éprouvait le désir sans le connaître. Une part de lui pourtant recherchait cet amour !

 

Aussi, si je vous raconte tout cela c'est parce que je me pose la question : « Est-ce que ce besoin fondamental ne serait pas la même chose qui nous pousse à chercher Dieu ? »

 

Est-ce que l'homme ne serait pas sur terre pour apprendre à connaître Dieu de la meilleure des manières possibles : par le manque ?

 

La vie sur terre ne serait-elle pas le plus beau et le plus grand de tous les jeûnes, le jeûne de Dieu ?

 

Je pense que nous sommes des jeûneurs remplis du désir de celui qui nous manque tant, Dieu ! Sans en être forcément conscients, mais cependant, au point de ne pouvoir s'empêcher de chercher. Et de chercher constamment et dans toutes les directions.

 

A s'en rendre malade, à s'en rendre pécheur !!!

 

Et alors, au lieu de dire « nous sommes tous pécheurs », nous pourrions dire « nous sommes tous jeûneurs » !

 

Les désirs les plus divers nous animent, nous secouent, nous bouleversent, sans jamais que nous puissions parvenir réellement à les satisfaire tout à fait.

 

On croyait que cette femme ou cet homme nous comblerait, nous rendrait heureux pour toujours et pourtant il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que c'est faux.

 

Et quoi de plus normal puisqu’en réalité nous demandons à une personne de nous donner ce que Dieu seul peut nous donner. Un amour parfait en ce sens qu'il est sur mesure pour chacun de nous. La bonne parole au bon moment, le silence au bon moment, l'écoute permanente, etc …

 

C'est évidemment la même chose si l'on change de femme ou d'homme.

 

Il n'y a que l'eau qui puisse rassasier celui qui a soif ! Ni le repos, ni l'ombre, ni l'argent ne peuvent le rassasier, seulement l'eau !

 

Et pourtant celui qui a soif, s'il n'a pas d'eau autour de lui, va essayer de se calmer avec tout ce qui lui tombe sous la main. En vain.

 

« Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau jaillissant pour la vie éternelle. » Jean 4:13

 

«Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. » Jean 6:49,51

 

Une des caractéristiques de Dieu, c'est qu'il est éternel, infini. N'est-ce pas aussi ce qui caractérise parfaitement nos désirs ?

 

Nos désirs, nos manques, sont à la hauteur de « l'Objet » de ce manque : Dieu.

 

Nous avons beau être mariés, amoureux, pères, mères, riches, puissants, libres, en bonne santé ou tant d'autres choses encore, il nous manque malgré tout quelque chose, toujours !

 

La solution serait peut-être de prendre conscience que Dieu seul peut nous combler entièrement.

 

De considérer nos désirs à leurs justes valeurs et de profiter de ce que Dieu nous offre ici-bas comme des fenêtres qui s'ouvrent sur Lui et sur ce qu'il veut qu'on sache de Lui pour l'instant, avec patience.

 

Vous connaissez la fameuse question : Qu'est-ce que Dieu ?

 

Il est plus facile de répondre à : « Qu'est-ce que Dieu n’est pas ? ». Pourtant, je serais tenté de dire :

 

« Dieu, c'est Ce qui me manque pour être heureux, il est Ce qui me sera donné lorsque j'aurais terminé mon jeûne, mes quarante jours et mes quarante nuits dans le désert ! »

 

P.Liandier



10/10/2016
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